S’installer comme psychologue libéral : les étapes clés
Le 22 janvier 2022 par Scriboupsy (mis à jour le 20 juin 2024)
Psychologue récemment diplômé ou salarié depuis quelques années, vous avez décidé de sauter le pas de l’installation comme psychologue libéral. Félicitations, vous avez pris une belle décision. Mais avant de vous lancer à corps perdu dans votre nouvelle activité de psychothérapeute, il va falloir que vous preniez le temps de bien préparer votre installation. Nous vous proposons dans cet article de définir ensemble la feuille de route pour ouvrir son cabinet de psychologue libéral.
Définir son projet d’installation comme psychologue libéral
Se lancer en tant que psychologue libéral ne s’improvise pas. Un projet bien préparé maximise vos chances de réussir votre installation. Il faut donc se poser les bonnes questions.
Quel psychologue être : quel type de thérapie, pour quels patients ?
Vous souhaitez ouvrir votre cabinet de psychologie, mais avez-vous pris le temps de réfléchir à la manière avec laquelle vous alliez exercer votre activité ? À quelle catégorie de patients envisagez-vous de vous adresser ? Quel type de thérapie voulez-vous proposer ? Comment organiserez-vous vos séances ? De ce temps de réflexion sur la définition de votre métier de psychologue en libéral découlera le cadre de votre activité. Bien entendu, ce travail n’a rien de linéaire. Une fois en activité, vous aurez certainement à vous adapter aux circonstances, aux patients qui viennent à vous. L’idée de ce premier exercice est vraiment de vous aider vous projeter en tant que thérapeute. Cette étape vous sera également précieuse dans votre communication. Vous pourrez ainsi établir des cartes de visite claires et synthétiques et aurez plus de facilité à vous présenter auprès des professionnels de santé locaux. Parmi les questions à soulever :
Thérapie brève ou thérapie longue ?
Contrairement à une thérapie longue, une thérapie brève implique un renouvellement plus régulier de la patientèle. C’est un point à prendre en considération notamment pour l’organisation de votre communication. Si vous cherchez plus régulièrement de nouveaux patients, vous devrez faire parler de vous de façon plus fréquente.
Vers quel public souhaitez-vous vous orienter ?
Il n’est pas possible de s’adresser à tout le monde. Avoir une patientèle trop hétérogène n’est pas souhaitable, car chaque public (enfant, adultes, couple, personnes souffrant de handicap, de troubles du développement, de troubles dys…) a des besoins, des attentes, des manières de s’exprimer, des problèmes différents. Si votre discours, votre méthodologie sont trop universels, vos patients ne se sentiront pas entendus, compris. Se spécialiser dans la réponse aux problématiques de certains publics permet de répondre de façon plus précise et plus personnalisée à leurs attentes. Vous gagnerez ainsi en efficacité et en crédibilité.
Les choix ici opérés peuvent aussi avoir une influence sur d’autres aspects de votre activité. Entre autres exemples, travailler avec les enfants peut impliquer d’accepter de consulter le mercredi. Se consacrer au handicap demande de posséder une fine connaissance du monde médico-social, des structures spécialisées, des nombreuses démarches inhérentes à leur prise en charge. Vous devrez aussi prévoir de rédiger de nombreux comptes-rendus pour la MDPH, les médecins, les équipes pluridisciplinaires… Tout ce qui a trait aux troubles dys exige du matériel particulier, de créer un lien avec les associations de parents, les institutions scolaires…
Où installer son cabinet de psychologue libéral ?
La question du lieu d’exercice et du type de local doit aussi être débattue.
Psychologue de ville ou psychologue de campagne : avant tout une question de choix
Devenir psychologue clinicien en libéral vous donne la possibilité de choisir votre lieu d’exercice. Ville ou campagne, c’est à vous de décider en fonction notamment de vos choix de vie. Ne craignez pas d’installer votre cabinet de psychologie en ville en pensant à la concurrence. Il y a effectivement plus de psychothérapeutes en zone urbaine, mais le contexte actuel ayant fait grimper le nombre de demandes de consultations, il y a vraiment de la place pour tous. Et puis, si, comme nous vous l’indiquions précédemment, vous définissez de manière précise les contours de votre activité, vous pourrez vous démarquer des autres thérapeutes libéraux installés à proximité. En ville, la communication aura aussi beaucoup d’importance. Bien travaillée, elle amènera plus rapidement les patients à vous, et ce même s’il y a plusieurs cabinets de psychologie autour de vous. À la campagne, les relations publiques ont également leur importance pour se faire connaître, mais les choses peuvent aller plus vite. Le bouche-à-oreille est un vecteur de publicité à prendre nécessairement en compte, et puis vous pourriez en outre bénéficier, aisément et à moindres frais, d’un article relatant votre installation dans le journal local.
Pour quel type de local opter ?
Lorsque l’on parle lieu d’exercice, on parle aussi du local, du cabinet où vous allez exercer. Plusieurs choix s’offrent à vous.
Un local mixte ou une maison de santé
Un local pluridisciplinaire ou encore une maison de santé sont des lieux que partagent ensemble différents professionnels de santé ou apparentés : ostéopathes, infirmiers, médecins, dentistes, orthophonistes… Cette option peut être intéressante financièrement, car elle permet de bénéficier à moindre coût d’une plus grande surface souvent meublée, de mutualiser un secrétariat, de partager de nombreux frais comme l’internet,... Vous gagnerez aussi facilement en visibilité si l’espace santé est implanté depuis quelques années déjà et connu de la population locale.
Un local privé
Ce type de local est plus spécifique à l’installation d’un praticien libéral en ville. Il s’agit donc d’un espace (bureau, local) que vous louez. Si vous souhaitez travailler à temps plein, il vous faudra prendre un local individuel. Mais attention, ce type d’espace devient une denrée rare surtout dans les grandes villes. En effet, on trouve plus aisément sur le marché des solutions de partage de cabinet. Vous occupez alors un local à temps partiel. Lorsque vous n’y êtes pas, c’est un autre professionnel libéral qui y consulte. Ce type de location permet aussi de partager les frais de location.
Un bureau à domicile
Ouvrir un cabinet de psychologie clinique chez soi est tout à fait envisageable ! C’est même assez fréquent. C’est bien sûr économiquement avantageux, mais cela permet aussi d’aménager les horaires de ses consultations à sa guise. Le point négatif est que la coupure entre vie professionnelle et vie privée est parfois difficile.
Libéral à temps complet ou à côté d’un travail salarié ?
Bien souvent, une carrière de psychologue débute avec un emploi de salarié en institution, en entreprise, en association… Après quelques années, l’envie de travailler autrement, de maîtriser son emploi du temps et de choisir ses patients peut amener un psychothérapeute vers le libéral. Pour autant, se lancer directement vers une activité à temps complet n’est pas forcément la chose la plus rassurante d’un point de vue rémunérations notamment. Alors, pourquoi ne pas commencer en douceur en jouant de la souplesse des emplois de psychologues salariés majoritairement à temps partiel pour s’en servir comme d’un filet de sécurité ? Vous pouvez alors conserver votre emploi salarié le temps de développer votre patientèle, puis, à mesure que l’activité libérale croît, diminuer le temps salarié jusqu’à travailler à votre compte à temps plein. Et puis être libéral à temps plein n’est pas une fin en soi, rien ne vous empêche de cumuler les deux statuts de manière permanente.
Se renseigner sur les différents statuts juridiques
L’ouverture d’un cabinet de psychologie nécessite, comme pour toute profession indépendante, de choisir un statut juridique. Chacun des statuts ayant ses avantages et ses inconvénients, mieux vaut prendre le temps de choisir celui qui vous correspond le mieux. Si besoin, n’hésitez pas à demander conseil à un expert-comptable. Le premier rendez-vous est d’ailleurs généralement gratuit. Vous retrouverez dans le tableau ci-dessous un aperçu des formes juridiques les plus adaptées à une activité de psychologue libéral.
Statuts | Avantages | Inconvénients |
---|---|---|
Entreprise individuelle au régime auto/micro-entreprise (autoentrepreneur) | Création d’activité simplifiée Obligations comptables et administratives réduites au minimum | Chiffre d'affaires plafonné à 77 000 € en 2024 Charges non déductibles |
Entreprise individuelle aux frais réels | Charges déductibles | Comptabilité semblable à une entreprise Plus de contraintes et démarches administratives |
Pour lancer votre activité de psychothérapie, les statuts d’auto entrepreneur ou d’entrepreneur aux frais réels sont certainement les plus adaptés. D’autres statuts comme l’EURL ou le SASU peuvent être envisagés pour des cas particuliers, ou si vous êtes très à l'aise avec les montages comptables (en cas d'achat du local).
Bon à savoir
Quel que soit le statut choisi, la profession de psychologue libéral est exonérée de TVA comme le stipule l'article 261-4-1 du code général des impôts (CGI) .
Définir le budget de son cabinet de psychologue libéral
La question du budget doit bien entendu être débattue pour envisager sereinement votre installation comme thérapeute libéral. La réalisation d’un tableau prévisionnel répertoriant les principaux postes de dépenses est indispensable pour savoir à quoi s’en tenir et éviter un maximum de mauvaises surprises.
Pour compléter ce tableau, il vous faut pouvoir calculer vos revenus de psychologue, mais aussi vos dépenses :
-
Les frais liés à la création de votre entreprise.
Ils sont inexistants (0€) si vous choisissez le statut d’entreprise individuelle
(en frais réels ou en micro-entreprise).
Si vous choisissez un statut de société (SASU, SELARL, etc.), vous pouvez ajouter entre 150 et 700 € si vous prenez conseil auprès d’un avocat pour rédiger les statuts, auxquels s’ajoutent les frais légaux de créations de la société (+ 300€ environ) ; ; - Les frais fixes : location d’un local, factures de téléphone, d’électricité… ;
- La réserve d’argent dont vous aurez besoin pour vivre les premiers mois, le temps de vous créer une patientèle. Cela est d’autant plus vrai si vous vous lancez à temps plein et que vous ne bénéficiez plus du salaire d’une activité salariée. L’idéal est d’ avoir 3 à 6 mois de trésorerie. Pour en déterminer le montant, à vous de voir combien il vous faut pour vivre et supporter vos charges pendant les premiers mois de votre installation ;
- Les frais d’aménagement de votre local : mobilier, ordinateur, matériel spécifique si vous vous occupez d’enfant (jouets, crayons de couleur, pâte à modeler…) ;
- L’achat de tests psychotechniques si vous pensez en réaliser. Sachez que le matériel pour des évaluations comme le WISC par exemple est très onéreux. Si vous ne pouvez les acheter au moment de votre installation, renseignez-vous pour les louer ;
- Abonnement à un logiciel de gestion de dossier adapté aux psychologues
- Les frais de communication : carte de visite, plaque, insertion presse, site internet…
Bon à savoir
Si vous envisagez d’acheter beaucoup de matériel et que vous êtes imposable, il conviendrait de vous installer en tant qu’entrepreneur aux frais réels. Vous pourrez alors déduire vos investissements de vos revenus imposables.
Anticiper sa communication pour se faire connaître
Se faire connaître est une prérogative indispensable à la constitution d’une patientèle. Pour autant, le psychologue doit respecter certains principes de communication pour rester en accord avec le code de déontologie de la profession. Ce dernier indique notamment que « la/le psychologue diffuse au public une information sur son activité professionnelle avec mesure et en référence à son titre, y compris lorsqu’elle/il a recours à la publicité pour son exercice libéral. »
Parmi les actions à envisager :
- Prendre contact avec des professionnels de santé ou paramédicaux exerçant à proximité ;
- Participer à des conférences pour enrichir votre carnet d’adresses ;
- S’inscrire à Google My Business ou sur les Pages Jaunes ;
- Créer un site web et le faire vivre ;
- Obtenir des articles dans la presse locale ;
- Compter sur le bouche-à-oreille en demandant à vos amis, collègues, de parler de vous.
S’installer comme psychologue en libéral
Une fois la phase préparatoire achevée, vous êtes mieux armé pour vous lancer dans le vif du sujet : le lancement de votre activité de psychologie. Là encore, plusieurs étapes à respecter.
Déclaration ARS et numéro ADELI ou RPPS
Depuis le 03 juin 2024, les psychologues qui commencent leur activité doivent donc faire les démarches pour obtenir un numéro RPPS. Avant cela, c’était le numéro ADELI qui indiquait que le psychologue était bien inscrit sur les registres de la profession. Il est donc possible de trouver encore des références au numéro ADELI au cours de vos lectures mais celui-ci n’est plus d’actualité.
Bon à savoir
Pour les professionnels ayant déjà un numéro ADELI, ils se sont vus attribuer un numéro RPPS. Ils peuvent le consulter sur ce site.
Réaliser les formalités administratives de création d’activité
Si vous avez pris le temps, comme indiqué plus haut, d’étudier les différents statuts, vous savez déjà certainement vers quelle forme juridique vous souhaitez aller et il ne vous reste plus qu’à effectuer les démarches. Elles seront simplifiées si vous optez pour l’auto entreprise ou l’entreprise individuelle. Si vous créez une société, les démarches sont un peu plus nombreuses.
Le guide « S’installer en libéral » édité par l’Union nationale des professions libérales devrait vous aider dans vos démarches.
Les obligations
Vous devez répondre à un certain nombre d’obligations au moment de votre installation.
L’assurance
Comme tout professionnel, vous devez au minimum souscrire une responsabilité civile professionnelle qui couvrira tous les dommages matériels ou physiques que vous pourriez causer à des tiers, notamment en cas d’erreur ou de faute professionnelle.
Vous avez aussi l’obligation d’assurer le local que vous occupez, même s’il s’agit d’un local partagé.
L’assurance protection juridique professionnelle est quant à elle optionnelle.
Le compte bancaire
Comme l’indique l’ article 39 de la loi PACTE du 22 mai 2019 , un psychologue en entreprise individuelle ou en micro entreprise a l’obligation de dédier un compte bancaire à son entreprise dès lors que son chiffre d’affaires dépasse 10 000 € pendant deux années consécutives. Il peut s’agir ou non d’un compte bancaire professionnel. Ce type de compte est en revanche obligatoire pour toutes les sociétés à capital social (EURL, SASU…).
Le RGPD
Depuis le 25 mai 2018, le RGPD détermine un certain nombre de règles destinées à protéger les données à caractère personnel dites sensibles collectées par un organisme public, privé ou par un professionnel exerçant à son compte. En tant que psychothérapeute, vous serez amené à récolter des données personnelles (entretiens, notes de séance, résultats d'évaluations psychologiques ou neuropsychologiques, etc.) considérées comme des données de santé et donc concernées par le RGPD. Pour tout connaître de vos obligations vis-à-vis du RGPD, nous vous invitons à lire notre article : « Le RGPD pour le psychologue libéral : ce qu'il faut savoir ». De plus, nous avons consacré un article à l’affiche RGPD en salle d’attente afin de vous aiguiller sur les informations à mentionner.
La facturation
Vous vous devez de proposer une facture à vos patients pour toute consultation dont le montant est supérieur à 25 € . En plus d’être une obligation légale, la fourniture d’une note d’honoraires est un service rendu à votre patient qui souhaiterait, par exemple, faire une demande de remboursement à sa mutuelle par exemple. Pour facturer dans les règles de l’art, vous pouvez consulter notre article : « Psychologue en libéral: comment rédiger vos factures ». L’utilisation d’un logiciel peut vous permettre d’automatiser ce type de tâches et ainsi de simplifier votre comptabilité.
Acheter le matériel pour aménager votre local
Maintenant que vous êtes prêt administrativement parlant, et que vous avez trouvé votre local, reste à vous lancer dans l’aménagement des lieux. Si votre cabinet n’est pas encore meublé, il vous faudra acheter bureau, fauteuils, accessoires de décoration… Mis à part l’ameublement, d’autres postes sont à prévoir.
Le matériel informatique
Pour votre activité, l’ordinateur est quasiment indispensable. Il vous servira à rédiger vos comptes-rendus, écrire vos courriers, gérer votre agenda… Si vous souhaitez économiser sur ce poste, vous pouvez très bien utiliser votre ordinateur personnel, mais d’un point de vue RGPD/déontologie, vous devrez faire attention à ce que personne (famille, amis…) ne puisse accéder aux dossiers de vos patients. Vous pouvez pour cela utiliser des logiciels en ligne qui vous permettront stocker vos informations sensibles de manière sécurisée. Ce type de logiciel pour psychologue peut aussi vous donner la possibilité d’ organiser simplement tous vos différents écrits (anamnèses, notes de séance, brouillons, évaluations, compte-rendu de suivi psychologique…), d’éditer factures et devis, assurer le suivi de vos patients. Tout ça en sécurisant au maximum vos écrits. Stockées en ligne vous ne risquerez pas de les perdre même en cas de panne de votre PC. En oubliant la méthode crayon papier, vous libérez également de la place sur vos étagères et gagnez en efficacité dans l’organisation de vos dossiers.
L’achat de tests
Si vous envisagez de réaliser des tests, sachez que la note peut très vite monter. Pour vous faire une idée, allez jeter un œil sur ECPA, le site Pearsons, leader mondial des bilans neuropsychologiques et des tests psychotechniques. Il faut par exemple compter une moyenne de 1 500 € pour un kit de test WISC V. Sur Hogrefe, vous trouverez l’ADOS, le dispositif de diagnostic pour l’autisme, à un peu plus de 3 000 € .